L’avenir n’arrive pas le 1er janvier dans un joli paquet étiqueté « 2026 ». Il arrive lentement, personnellement, dans chaque choix que vous faites, les relations que vous entretenez et le travail que vous choisissez de faire avec intention.
Alors, coupons court au bruit. Place à la clarté.
Après avoir analysé notre parcours 2025 et les échanges avec nos clients, nos candidat·e·s, nos coaché·e·s, six thèmes se sont imposés comme une évidence. Ce ne sont pas des prédictions, mais des dynamiques déjà à l’œuvre, des forces qui transforment notre façon de travailler et de vivre.
1. IA agentique : le travail devient configurable
Dans les entreprises tournées vers l’avenir, les nouveaux employé·e·s apprennent désormais des compétences d’agent, c’est-à-dire comment déléguer efficacement à des systèmes d’IA. Le travail passe d’un effort individuel à des flux orchestrés entre humains, agents IA et systèmes intégrés.
Question : Que se passe-t-il lorsque chaque employé·e dispose d’un agent IA performant à ses côtés ?
Ce que cela signifie pour vous : Votre avantage compétitif ne réside plus dans le fait de tout faire vous-même. Il repose sur votre capacité à savoir quoi déléguer, quoi amplifier et où vos compétences profondément humaines créent le plus de valeur. Les professionnels qui réussissent aujourd’hui ne sont pas des experts en IA. Ce sont ceux et celles qui utilisent l’IA pour automatiser le routinier et se concentrer sur l’exceptionnel.
2. Des hiérarchies aux réseaux*
L’entreprise traditionnelle se fragmente. En Chine, 200 millions de personnes dépendent du travail flexible, soit 40 % de la main-d’œuvre urbaine. Globalement, 75 % de la génération Z n’envisagent jamais un emploi à temps plein. L’économie du gig (petits boulots) devrait tripler d’ici 2032.
États-Unis
L’économie du gig et le travail flexible explosent. Environ 70 à 76 millions d’Américains participent à des activités freelance ou gig en 2025, soit 36 % de la main-d’œuvre (211 millions). L’économie du gig pèse 1 270 milliards de dollars, portée par les plateformes technologiques.
Royaume-Uni
1,7 million de personnes sont des travailleurs gig (5 % de la main-d’œuvre). Si l’on inclut les formes plus larges de flexibilité : 4,39 millions d’indépendants (13 %), 8,6 millions de temps partiel (25 %), 1,03 million sous contrat zéro heure (3 %). Environ 35 % travaillent à distance ou en mode hybride.
Union européenne
43 millions de travailleurs de plateformes en 2025 (20 % de la main-d’œuvre), contre 28 millions en 2022, croissance annuelle attendue : 17 %. Le travail flexible augmente également, porté par les politiques de protection des travailleurs de plateformes.
Suisse
3,9 millions d’employés bénéficient de modèles flexibles ou hybrides (73 % de l’emploi). Le travail à temps partiel atteint 40,5 % (record européen). L’auto-emploi concerne 16,5 % des actifs, et 8 à 10 % de la population active exerce un travail de type gig.
L’économie des missions professionnelles pour les profils qualifiés est devenue un pilier du marché du travail. Elle est estimée à environ 582 milliards de dollars en 2025 et pourrait presque quadrupler d’ici 2034. Le travail flexible, fractionné et par projet explose dans le conseil, la tech, la finance et les métiers créatifs. Beaucoup choisissent l’indépendance pour l’autonomie, tout en aspirant encore à une certaine stabilité. Les entreprises font de plus en plus appel à des experts à la demande pour rester agiles. En parallèle, les enjeux de régulation, de bien-être et d’inégalités d’accès à la flexibilité deviennent centraux.
Une grande entreprise pharmaceutique mondiale a discrètement transféré 40 % de ses opérations vers des workflows transversaux plutôt que des unités métiers. Résultat : une hausse significative de la productivité sans aucun recrutement supplémentaire.
Question : Si vous deviez construire votre organisation à partir de zéro, la reconstruiriez-vous telle qu’elle est aujourd’hui ?
Ce que cela signifie pour vous : Votre carrière n’est plus une échelle, c’est un réseau. Votre sécurité ne dépend plus d’un seul employeur, mais d’un portefeuille de compétences, de relations et de votre capacité à créer de la valeur dans des contextes multiples. Ce n’est pas une menace. C’est une libération.
3. L’économie émotionnelle
À mesure que l’IA se généralise, l’intelligence émotionnelle devient le véritable facteur de différenciation. Le sentiment d’appartenance, la confiance et la connexion humaine comptent davantage, et non moins. Les recherches montrent que 41 % des professionnels déclarent que les transformations liées à l’IA affectent déjà leur bien-être, tandis que 62 % restent optimistes quant à l’amélioration de leur quotidien professionnel grâce à l’IA. Le message est clair : les personnes ne rejettent pas la technologie, elles demandent des environnements de travail où l’humanité demeure au centre.
Mais l’intelligence émotionnelle, à elle seule, ne suffit plus. L’éthique et le comportement moral deviennent des fondations non négociables de la confiance. Les collaborateurs·trices, les clients et les partenaires n’acceptent plus le leadership toxique, les fautes dissimulées, les doubles standards ou le fait de « détourner le regard ». L’ancien réflexe, fermer les yeux, passer son chemin, espérer que la vérité ne fasse jamais surface, appartient au passé. Dans des environnements hyperconnectés, transparents et riches en données, les comportements finissent toujours par être exposés. La confiance se construit lentement, mais se perd instantanément.
Dans l’économie émotionnelle, la manière dont les organisations se comportent compte autant que ce qu’elles produisent. La sécurité psychologique, l’intégrité, la responsabilité et le respect ne sont plus des valeurs « soft » : ce sont des exigences fondamentales. Les leaders seront jugés non seulement sur leurs résultats, mais aussi sur la cohérence entre leurs paroles et leurs actes, en particulier lorsque personne ne les observe.
Question : Comment créer des environnements de travail émotionnellement intelligents et éthiques dans un monde saturé d’IA ?
Ce que cela signifie pour vous : Votre humanité n’est pas une faiblesse à l’ère de l’IA, c’est votre atout majeur. Créer de la confiance, faire naître un sentiment d’appartenance, lire une dynamique de groupe, inspirer, reconnaître l’autre : tout cela ne sera pas automatisé. Sa valeur augmente chaque jour.
À mesure que les machines se déploient à grande échelle, la clarté morale et la connexion humaine ne disparaissent pas : elles deviennent chaque jour plus précieuses.
4. Apprentissage en réseau : la fin des parcours linéaires
L’apprentissage a quitté les salles de cours pour s’ancrer dans les communautés. On apprend désormais via les pairs, les agents IA, les workflows et des guildes numériques. Dans le même temps, de nombreux postes juniors disparaissent, l’IA prenant en charge les tâches qui formaient autrefois les débutants.
Question : Que remplace l’échelle de carrière traditionnelle dans un monde sans débutants ?
Ce que cela signifie pour vous : N’attendez plus l’autorisation d’apprendre. Rejoignez des communautés, trouvez des mentors, expérimentez. Ceux et celles qui réussissent aujourd’hui ne comptent pas sur un plan de formation RH. Ils et elles construisent leurs propres réseaux d’apprentissage et se forment en continu à ce qui compte vraiment.
5. Le nouveau contrat social
D’ici 2030, plus de la moitié des jeunes entrant sur le marché du travail mondial seront africains, avec un âge médian de 19,2 ans. Le Japon, avec ses politiques de vieillissement actif et de robotisation des soins, préfigure les défis à venir pour les pays occidentaux. Les gouvernements repensent retraites, protections sociales, immigration et jusqu’à la définition même du travail. Parallèlement, le nouveau contrat social sera, par défaut, multiculturel.
L’Afrique devrait porter une part très importante de la croissance de la population active mondiale au cours de la prochaine décennie, tandis que les sociétés vieillissantes d’Europe et de certaines régions d’Asie dépendront de plus en plus d’un taux de participation accru, de l’immigration et de nouveaux modèles de travail pour soutenir leurs économies. Concrètement, cela signifie qu’il est impossible d’imaginer le « futur du travail » sans une collaboration transfrontalière avec des collègues internationaux et des équipes distribuées, en présentiel, à distance, en nearshore et en offshore.
Dans ce contexte, la diversité, l’inclusion et les compétences de leadership multiculturel ne sont plus un simple « plus » : elles deviennent une compétence opérationnelle centrale. Il s’agit de la capacité à instaurer la confiance entre cultures, à communiquer à travers les fuseaux horaires et à créer une sécurité psychologique au sein d’équipes mondiales et hybrides.
Question : Comment les politiques publiques peuvent-elles suivre le rythme du changement technologique et industriel ?
Ce que cela signifie pour vous : L’ancien contrat social (travailler dur, rester loyal, prendre sa retraite sereinement) est en train d’être réécrit. Cela crée de l’incertitude, mais aussi une opportunité rare : définir le travail selon vos propres règles. Et si votre carrière servait enfin votre vie, et non l’inverse ?
6. Les industries changent avant les métiers
Le Forum Économique Mondial prévoit 170 millions d’emplois créés d’ici 2030 et 92 millions supprimés. Mais attention : les industries se transforment d’abord. Les chaînes d’approvisionnement se restructurent, les modèles économiques changent, des couches entières de workflows disparaissent avant que les métiers ne changent officiellement.
Question : Quelles industries seront les prochaines, et quels signaux précoces surveiller ?
Ce que cela signifie pour vous : N’attendez pas que votre poste change. Observez votre secteur, explorez les domaines adjacents, cultivez votre curiosité. Ceux qui anticipent les transitions ne sont pas des visionnaires. Ils sont simplement attentifs.
Vous n’êtes pas seul·e
Si vous vous sentez dépassé·e, effrayé·e ou coincé·e, demandez de l’aide. Sérieusement. Une conversation peut tout changer. Ce n’est pas du discours marketing. C’est ce que nous avons constaté des centaines de fois. Vous n’avez pas à vous débrouiller seul·e.
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